Paru sur Boursourama.com
Après une semaine d’hésitation, conclue par une hausse hebdomadaire, Wall Street n’a plus guère d’autres préoccupations qu’une décision particulièrement cruciale de la Réserve fédérale (Fed), qui dira jeudi si elle commence à retirer un précieux soutien à l’économie.
Depuis la clôture de vendredi dernier, l’indice vedette Dow Jones Industrial Average a pris 2,05% à 16.433,09 points, et le Nasdaq, à dominante technologique, 2,96% à 4.822,34 points.
L’indice élargi S&P 500, particulièrement suivi par les investisseurs, a gagné 2,07% à 1.961,05 points.
Cette progression, qui efface la baisse de la semaine précédente, ne rend pas compte des fortes fluctuations enregistrées par les indices, qui ont par exemple ouvert mercredi dans le vert pour finir en nette baisse.
« Cette semaine m’a fait penser à quelqu’un qui essaie de retenir son souffle et dont le pouls accélère », a résumé Sam Stovall, de Standard and Poor’s Capital IQ. « On a eu de fortes hausses et de fortes baisses dans la perspective de la réunion de la Fed. »
La banque centrale américaine tiendra mercredi et jeudi une réunion de politique monétaire, à l’issue de laquelle elle dira si elle relève ou non ses taux, maintenus à un niveau presque nul depuis la fin des années 2000, et de commencer ainsi à retirer son soutien à l’économie.
Ces réunions, organisées tous les mois et demi, sont toujours très suivies par les investisseurs, mais celle de la semaine prochaine suscite une nervosité particulièrement élevée car le flou a rarement autant régné sur les intentions de la Fed.
« C’est incertain, car, avant le ralentissement chinois et le déclin des Bourses, beaucoup
d’économistes comptaient sur un relèvement des taux en septembre », a rapporté M. Stovall. « Désormais, face à l’instabilité des marchés chinois et aux doutes exprimés par des responsables de la Fed dans le compte-rendu de leur réunion de juillet, les investisseurs ont peur que la banque en sache plus qu’eux sur les perspectives de l’économie américaine. »
La Bourse de Shanghaï s’est écroulée de quelque 40% depuis juin et, associée à des inquiétudes plus larges sur la santé de l’économie chinoise, cette chute a plombé toutes les grandes places mondiales.
– « Paradoxe » –
« Pour le moment, les investisseurs sont perdants des deux côtés dans cette situation, entre leur peur de la Fed, et la crainte d’un ralentissement mondial », a reconnu Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services.
« Le marché américain est un vrai paradoxe en ce moment », a-t-il estimé. « D’un côté, il réagit négativement à de bons indicateurs économiques (américains) », dans la crainte qu’ils poussent la Fed à relever ses taux, « mais il le fait aussi à de mauvaises statistiques quand elles viennent de l’étranger. »
« Heureusement, on se rapproche de la résolution, et le 17 au soir, quoi qu’il se passe, l’incertitude se transformera en certitude », a conclu à ce sujet M. Volokhine.
Comme d’autres observateurs, il estimait d’ailleurs qu’en relevant ses taux jeudi, la Fed ne plomberait pas forcément Wall Street, qui pourrait y voir un signe de confiance de la
banque centrale.
« A mon avis, il y aurait d’abord une baisse mais, ensuite, le marché y regarderait à deux fois et se dirait +Attendez un peu, peut-être que l’économie est assez solide, c’est une bonne chose+ et la Bourse pourrait rebondir de façon conséquente », a estimé Tom Cahill, de Ventura Wealth Management.
« Si l’on regarde l’économie américaine, elle s’en sort plutôt bien », a-t-il estimé. « C’est généralement quand il y a une récession que les marchés s’orientent, et je n’en vois de signes ni aux Etats-Unis, ni en Europe. »
Signe qu’un relèvement des taux américains ne fait cependant pas partout l’objet d’une telle sérénité, la Banque mondiale a recommandé cette semaine à la Fed d’attendre avant d’agir, après des préconisations semblables du Fonds monétaire international (FMI) au début du mois.
Les observateurs relativisent l’importance de ces prises de position pour les marchés, M. Volokhine y voyant un acte politique destiné à rassurer les pays émergents, particulièrement exposés à une hausse des taux.
« Mais le pire, c’est que ça peut pousser la Fed à agir, car elle n’a pas envie et n’a pas besoin qu’on lui donne des leçons », a-t-il conclu.
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