Paru sur Boursorama.com
Prise de vague à l’âme en attendant que la Fed donne son oracle mercredi sur la perspective de la hausse des taux, Wall Street évolue en dents de scie et craint par dessus tout d’être surévaluée. Au cours des cinq dernières séances, l’indice Dow Jones Indutrial Average a perdu 0,60% à 17.749,31 points, quelques tentatives de rebond ayant tourné court. L’indice élargi Standard and Poor’s 500, le plus surveillé par les investisseurs, a cédé 0,86% à 2053,40 points. Le Nasdaq, à dominante technologique, s’est lui aussi incliné une nouvelle fois de 1,13% à 4.871,76 points, repoussant encore la perspective de battre son record historique qui avait pourtant semblé à portée de main au début du mois. En début de semaine le marché s’était laissé convaincre que les bonnes créations d’emploi de février annoncées le 6 mars montraient la bonne santé de l’économie. Et jeudi il a été encouragé par la pause dans la chute de l’euro. Mais « il y a un vague à l’âme », estime Gregori Volokhine, chez Meeschaert, vu les incertitudes sur la politique monétaire conduie par la Réserve fédérale (Fed).
Comme l’explique Tom Cahill, chez Ventura Wealth management, « le marché n’est pas sûr de savoir si les bonnes nouvelles sont réellement bonnes », ou si elles cachent une mauvaise nouvelle avant la réunion mardi et mercredi du comité de politique monétaire de la Fed. « Quoi que dise la Fed (mercredi), cela sera crucial » pour la Bourse, a souligné M. Cahill, même si nul ne s’attend à ce qu’elle soit très précise. Si la Fed laisse entendre qu’elle remontera ses taux bientôt, cela fera encore monter le dollar, pénalisant les exportateurs, et à terme cela renchérira les besoins de financement des entreprises. Les investisseurs guetteront l’évolution éventuelle de cette phrase lue dans le communiqué de fin de réunion d’il y a six semaines: « En se fondant sur son évaluation actuelle (de l’économie américaine), le Comité juge qu’il peut être patient avant de commencer à normaliser sa politique monétaire ». Le mot « patient » survivra-t-il au reflux confirmé du chômage américain, désormais à 5,5%? De nombreux analystes estiment que le retour apparent au plein emploi pourrait justifier de faire décoller le niveau actuel du taux de l’argent au jour le jour, qui reste à un niveau plancher entre 0 et 0,25% depuis décembre 2008. La disparition de +patient+ « ne garantirait pas une augmentation des taux en juin, mais elle préparerait certainement le terrain », souligne M. Cahill. Le plus probable, a renchéri Hugh Johnson chez Hugh Johnson Advisors, est que le Comité de politique monétaire insiste que toute décision sur les taux « sera prise de réunion en réunion et dépendra largement des indicateurs, et cela ne nous dit rien », car les chiffres sur l’emploi et l’inflation « ne sont pas clairs du tout ». Ainsi, les prix à la production aux Etats-Unis ont surpris en affichant vendredi un nouveau recul (-0,5%). Pas vraiment de quoi faire croire à l’inflation et à la nécessité de relever les taux. « Il y a une énorme incertitude, qui se reflète dans la volatilité » de la Bourse, ajoute M. Johnson. Par ailleurs, les investisseurs s’interrogent sur une éventuelle surévaluation du marché, proche de ses sommets en dépit de performances sans éclat des entreprises. Tant M. Johnson que M. Cahill notent que le bénéfice par action des entreprises du S&P 500 a affiché une progression médiocre de quelque 5% au dernier trimestre 2014, due partiellement à des rachats d’action, tandis que le chiffre d’affaires n’a avancé que de 1,5%. « Le marché va devoir réévaluer la vitesse à laquelle il a grimpé », a souligné M. Cahill, et se rendre compte qu’il avait peut-être été trop optimiste. Gregori Volokhine relativise le recul de Wall Street. « Les mouvements de baisse comme aujourd’hui, après cinq ans de hausse, c’est pratiquement un non-événement », a-t-il dit. « Ce qui est dommage », a-t-il ajouté, c’est que le marché passe à côté des bonnes nouvelles qui émergent jour après jour, comme le certificat de bonne santé des banques donné par la Fed après les tests de résistance, ou les ambitieuses opérations de fusion-acquisition comme l’offre du laboratoire pharmaceutique Endo sur son compatriote Salix, ou celle du groupe immobilier Simon Property sur Macerich.