La Bourse de New York se veut optimiste mais surveille l’Ukraine
Gagnant en confiance au sujet de l’économie américaine, la Bourse de New York espère continuer sa progression vers de nouveaux records mais entend résonner avec inquiétude le bruit des bottes russes en Ukraine. Au cours des cinq dernières séances, le Dow Jones Industrial Average, indice vedette de la Bourse de New York, s’est apprécié de 1,36% à 16.321,71 points. Le Nasdaq, à dominante technologique, a gagné 1,05% à 4.308,12 points. L’indice élargi Standard & Poor’s 500 s’est adjugé 1,26%, se hissant vendredi à un deuxième sommet historique en deux jours, à 1.859,45 points. Forte des nouveaux records du S&P 500, Wall Street semble avoir tourné la page de l’incertitude qui la faisait trembler en janvier, abordant les mois à venir avec un optimisme presque gourmand. « Le marché des actions américains est là où il faut être en termes d’investissement », assure Scott Wren, stratège de Wells Fargo Advisors. Wall Street en est désormais persuadée, la banque centrale américaine (Fed), l’un des grands moteurs de son ascension en 2013, ne disparaîtra pas sans prévenir. Janet Yellen, sa présidente l’a affirmé cette semaine, « elle maintiendra le cap » et continuera son action de réduction progressive des rachats de liquidités si les mauvais chiffres économiques ne sont bien qu’une affaire de mauvaise météo.
Et, « si ce n’est pas le cas, elle a laissé entendre qu’elle saurait être souple », qu’elle pourrait adapter son action pour soutenir l’économie, estime Gregori Volokhine, gérant de Meeschaert USA. Mme Yellen a aussi « réaffirmé qu’elle maintiendrait pour l’instant les taux d’intérêts à des niveaux très bas », une mesure de nature à favoriser les investissements dans le marché plus rentable des actions, relève Hugh Johnson, de Hugh Johnson Advisors. Et, comme l’ont montré de bonnes nouvelles cette semaine sur le front de l’immobilier, des commandes de biens durables et de l’activité dans la région de Chicago –pourtant au coeur des intempéries hivernales aux Etats-Unis– l’économie américaine reste solide. « Il semble de plus en plus clair que la petite mine des statistiques américaines récentes soient attribuable au mauvais temps », juge M. Johnson. « La croissance est certes modeste mais elle est bien installée », veut croire M. Wren. Pour s’en convaincre, les investisseurs tenteront de dénicher des bonnes nouvelles dans le prochain rapport mensuel sur l’emploi et le chômage aux Etats-Unis en février, à paraître vendredi. « On attend un taux de chômage à 6,6%, ce qui devrait obliger la Fed à changer sa communication », estime Gregori Volokhine. L’expert fait écho aux propos d’un responsable régional de la Réserve fédérale américaine Charles Plosser, qui a estimé vendredi qu’il était temps pour la Fed de réformer ses indications d’orientation de politique monétaire alors que le taux de chômage aux Etats-Unis approche le seuil cible des 6,5%. Les opérateurs chercheront aussi des bonnes nouvelles du côté de l’indicateur manufacturier ISM pour février lundi et pour l’activité dans les services le même mois mercredi. Ils jetteront un oeil sur les dépenses de consommation et de construction lundi et sur la santé de l’emploi privé mercredi.
Autre tendance rassurante, le dollar reste particulièrement faible, évoluant à son plus bas de l’année face à l’euro vendredi, sous le seuil de 1,38 dollar pour un euro. « La balle est dans le camp des Européens s’ils veulent » faire évoluer la situation, selon M. Volokhine, à l’approche de la réunion de la Banque centrale européenne (BCE) jeudi, au cours de laquelle l’institution pourrait décider d’une baisse de son taux d’intérêt directeur pour stimuler l’économie et faire pression sur sa monnaie. « Pour le moment, les Américains sont en position de spectateurs relativement satisfaits de la faiblesse du dollar », stimulante pour leurs exportations. L’Ukraine reste cependant le grand nuage noir au-dessus des investisseurs, selon les observateurs. Si les indices ont pour l’instant tenu le coup, « le bruit des bottes » russes en Crimée résonne jusqu’à Wall Street, selon M. Volokhine. D’éventuelles représailles économiques de Washington pourraient en effet sonner le glas des velléités d’embellie économique en Europe, en cas d’escalade des tensions avec la Russie, « principal fournisseur de gaz naturel » de la région.
Paru sur boursorama.com