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Une impression de déjà-vu

Nous avions décrit l’orage de l’été dernier comme une tempête passagère. Il avait été suivi d’un net rebond aux mois d’octobre et novembre. Par certains aspects, les turbulences boursières que nous traversons actuellement sont très similaires. A l’origine du mouvement nous trouvons à nouveau la Chine et les signes de manque de croissance qu’elle envoie.

 

Remettons les événements actuels en perspective.

 

Les Bourses européennes avaient chuté en quelques jours de plus de 15 % en août dernier. L’Euro Stoxx 50 avait touché un plus bas de 2973 points ; il atteint un nouveau plancher de 3027 en ce début d’année. Malgré la rapidité de la baisse qui rend le mouvement impressionnant, nous sommes donc encore au-dessus des niveaux de l’été dernier (en Chine également).

La psychologie des intervenants se détériore mais le contexte général est identique :

  • Les données macro-économiques en Europe et aux USA n’indiquent pas de changement de tendance. Les Etats-Unis sont solides et la croissance européenne, certes molle, se confirme.
  • L’euro demeure à des niveaux bas (1,08 dollars américains pour 1 euro), favorisant la compétitivité de la zone Euro.
  • Les banques centrales, bien que silencieuses ces derniers jours, sont prêtes à intervenir. M. Draghi a confirmé qu’il disposait encore de munitions.
  • Les taux sont très bas en Europe et vont sans doute le rester.

Qu’est-ce qui a changé ?

 

  • Les Etats-Unis ont procédé à leur première hausse de taux en décembre, les relevant de 0,25 %. Ce mouvement, s’il marque une nouvelle tendance, demeure insignifiant au niveau du financement de l’économie et ne peut raisonnablement pas être blâmé pour la volatilité actuelle.
  • La Chine inquiète encore par les signaux qu’elle émet. Les derniers indicateurs économiques ne montrent pas de rebond mais surtout, par petites touches, le gouvernement central dévalue sa monnaie par rapport au dollar américain. Ce dernier point inquiète et pose la question de la croissance réelle en Chine. La crise entre l’Iran et l’Arabie Saoudite et le ralentissement chinois ont provoqué une nouvelle chute violente du pétrole qui a perdu 10% en 4 jours et entraîné les Bourses dans son sillage. A 32 dollars américains le baril, la situation devient délicate pour de nombreux intervenants (sociétés pétrolières et surtout pays producteurs dont les déficits budgétaires se creusent sérieusement) mais, contrairement aux prévisions, ce niveau de prix a un impact moindre sur la consommation des ménages et des entreprises. L’élément clé de ces prochains jours sera le message envoyé par le pouvoir chinois au sujet de sa monnaie. Une trop forte dévaluation du yuan, outre qu’elle génèrerait de la déflation importée dans le reste du monde, rendrait la situation concurrentielle des entreprises européennes et américaines plus compliquée. Cela mettrait à nouveau en doute les attentes de résultats pour ces entreprises.

Les fondamentaux des entreprises et notre scenario économique

 

Enfin, soulignons qu’après la chute des mois de décembre et janvier, les valorisations de marché en Europe sont actuellement inférieures à la moyenne historique. Les mouvements de baisse sont devenus impressionnants ces dernières années car extrêmement rapides et violents, mais les rebonds s’ils sont en général moins rapides, sont également importants. Dans ces périodes, comme dans les contextes plus calmes, ce sont les fondamentaux des entreprises et notre scénario économique qui guident nos choix. Notre vision demeure celle d’une reprise graduelle de l’économie européenne (et les derniers indicateurs économiques demeurent solides), d’une stabilisation saine aux Etats-Unis et d’un atterrissage en douceur en Chine. Sur ce dernier point, nous avons peu de visibilité même si les derniers chiffres économiques, s’ils n’indiquent pas de rebond, n’affichent pas non plus une forte détérioration.

Dans ces périodes de stress, le marché commence à offrir des opportunités permettant ainsi de construire la performance à moyen terme. Nous continuons de privilégier les valeurs européennes, avec une activité domestique, et évitons pour le moment les sociétés trop fortement exposées aux pays émergents.

 

Les équipes de gestion de Meeschaert Asset Management*

*Meeschaert Asset Management est la société de gestion du groupe Meeschaert.

Christophe Sanchez: