Le cadre de la zone Euro a changé de façon spectaculaire ce week-end avec l’annonce par Alexis Tsipras, le premier ministre grec, de la tenue d’un référendum, sur les mesures souhaitées par la troïka (Union Européenne, BCE, FMI) dans le cadre des négociations sur le sauvetage de la Grèce.
Cette option n’était pas le scenario anticipé par les marchés comme le montre la progression de plus de 5 % des indices la semaine dernière.
La Grèce va donc tenir un référendum le 5 juillet et la question portera sur le souhait des Grecs d’accepter les réformes et mesures présentées, jeudi dernier, par la troïka mais ne portera pas sur l’appartenance à la zone Euro. Ce référendum implique de fait la fin, au moins temporaire, des négociations, les points de vue n’étant plus compatibles. Pendant ce temps, la Banque de Grèce, avec l’aide de la BCE met en place un système de contrôle des capitaux afin de limiter les sorties des liquidités des banques pour protéger le système bancaire.
La date clé devient désormais le 5 juillet et non plus les dates de remboursement des prêts au FMI dont on sait qu’ils ne seront pas honorés.
Une réponse forte serait préférable
Un « non » accentuerait brutalement et fortement le risque d’une sortie de la Grèce de la zone Euro. Le processus de négociations ne pourrait pas reprendre et la porte entrouverte se refermerait. La BCE n’aurait plus alors de raison de refinancer le système bancaire grec qui immédiatement s’effondrerait. Dans ce cas, la Grèce devrait trouver les moyens de créer une nouvelle monnaie qui sera très fortement dévaluée (+ de 50 %) par rapport à l’euro. Mais ce processus n’est prévu dans aucun texte et on peut imaginer qu’il ne soit pas évident à mettre en place rapidement.
A l’inverse, un « oui » (fort) au référendum devrait provoquer une réouverture des négociations et la signature d’un accord. Ceci étant, la question posée sera de savoir avec qui la troïka pourra signer, car il s’agirait alors d’un désaveu pour le gouvernement. Il impliquerait sans aucun doute une dissolution, de nouvelles élections, la constitution d’un nouveau gouvernement, mais aussi l’incapacité de respecter de nombreuses échéances notamment celle de 3,5 milliards d’euros auprès de la BCE le 20 juillet.
La situation serait très ambigüe en cas de voix partagées.
Bien entendu, il est impossible de pouvoir se prononcer sur l’issue du vote, car si les Grecs restent très attachés à un maintien dans la zone Euro, le risque d’une mauvaise perception par les électeurs des véritables enjeux de ce scrutin existe. D’un point de vue boursier, les différents sondages qui ne manqueront pas d’être publiés vont générer une forte hausse de la volatilité des marchés financiers au cours de la semaine.
A ce propos, concernant les marchés financiers, gardons à l’esprit que la Grèce ne représente que 2 % environ du PIB de la zone euro et que les banques du reste de l’Europe se sont depuis longtemps délestées du risque grec dans leurs bilans.
Si donc les marchés retrouvent du stress sur le court terme, il ne faut pas perdre de vue les fondamentaux à moyen terme. Les signes d’amélioration sont nombreux : le système bancaire de la zone Euro est solide, le retour de la croissance européenne est réel et la situation financière des entreprises est saine.
Par ailleurs, les craintes d’une contagion, notamment aux pays périphériques, sont limitées. D’une part, la situation grecque est peu comparable aux autres pays de l’Europe du sud, et d’autre part, les outils techniques (rachats obligataires de la BCE, activation d’un programme de soutien mis en place en 2012) peuvent être des contre-feux efficaces. Il ne fait d’ailleurs aucun doute que la banque centrale se tient prête à intervenir sur les marchés au travers notamment de son QE actuellement en cours et parfaitement modulable dans son rythme et son ampleur. Il est évident que la BCE ne laissera pas des turbulences financières remettre en cause la reprise européenne qui s’amorce et qui a nécessité tant d’efforts, et ne laissera pas non plus s’étendre une crise financière en plein été, marquée qu’elle est par les épisodes de 2009 à 2011.
Enfin, rappelons qu’une sortie de la Grèce de la zone Euro n’est dans l’intérêt de personne. La population grecque semble en être consciente. Le bras de fer engagé par les deux parties prenantes aux négociations est plus dur qu’anticipé mais une issue constructive demeure une éventualité non négligeable.
Nos portefeuilles avaient, dans les semaines qui précèdent, augmenté leurs positions en liquidités après de bonnes performances depuis le début de l’année. Nous restons bien entendu prudents à court terme tout en estimant que la baisse actuelle pourra offrir des opportunités de réinvestissement.
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