Paru sur boursorama.com
C’est la crise, les taux ont fortement baissé et les rendements des placements ont fondu. Cette période semble partie pour durer. D’autant que la déflation menace plus que jamais l’Europe. De mémoire d’épargnant, on a rarement connu période aussi difficile pour son épargne. Avec la crise qui s’éternise, les rendements de la majorité des placements ont fondu comme neige au soleil. Les raisons de cette érosion, perceptible depuis 2008, sont connues. L’atonie persistante de la croissance européenne, et particulièrement française, et le recul continu de l’inflation (0,4 % sur un an) ont contraint ces derniers mois la Banque centrale européenne (BCE) à agir pour éviter la déflation et faire baisser l’euro. Outre une batterie de mesures techniques visant notamment à inciter les banques à prêter aux entreprises, la BCE a ramené à pratiquement 0 % (0,05 %) son principal taux directeur. Résultat, les placements de court terme, les plus liquides, ne rapportent plus grand-chose à l’image du Livret A (1 % net, soit 0,6 % après inflation). Plus inquiétant encore, les épargnants qui se hasarderaient à souscrire des sicav monétaires perdraient carrément de l’argent, après fiscalité. Les obligations d’Etat ne sont guère plus rémunératrices. Très recherchées par les investisseurs, car considérées comme sûres malgré l’endettement record de la France (2 000 milliards d’euros), les OAT, les emprunts d’Etat français à 10 ans, sont à nouveau tombées à 1,23 % la semaine dernière. Ce taux est certes très avantageux pour les emprunteurs, qui souscrivent des crédits immobiliers dans des conditions historiquement basses (2,5 % en moyenne sur 15 ans, hors assurance). Mais il reste très décevant pour l’épargne de long terme, celle destinée à financer sa retraite par exemple, qui ne peut guère faire d’étincelles. Les marchés d’actions ne sont pas non plus au mieux de leur forme en ce moment, et le CAC 40 est dans le rouge depuis le début de l’année. Comme si cela ne suffisait pas, l’alignement de la fiscalité du capital sur celle du travail, décidé il y a deux ans par le gouvernement Ayrault, se traduit par une envolée des impôts de nombreux contribuables (en plus des autres très fortes hausses d’impôts) et lamine la maigre rémunération de leurs placements. Bref, le tableau est plutôt sombre et les espoirs de jours meilleurs ne sont pas encore au rendez-vous. La zone euro, France en tête, est engluée dans la crise. Et l’économie allemande, moteur de la région, cale à son tour. «De sérieux risques d’une nouvelle récession guettent la zone euro si rien n’est fait pour remédier à la croissance atone dans la région», a mis en garde la semaine dernière Christine Lagarde, la directrice générale du FMI. Ces propos ravivent les craintes de déflation (baisse générale et durable des prix) sur le Vieux Continent, qui pourrait alors devenir le «principal problème» pour l’économie mondiale. Un phénomène inconnu en Europe depuis la Grande Dépression des années 30 et qui a pris fin avec la Seconde Guerre mondiale. La déflation, le pire ennemi de l’épargnant La déflation est le pire ennemi de l’épargnant,rappellent les gestionnaires de patrimoine. «Dans un tel contexte, les taux sont très bas et le prix de l’ensemble des actifs baisse. C’est un scénario noir», explique Vincent Meilhac, directeur de Bred Banque privée. A commencer par l’immobilier, dont les prix baisseraient alors durablement. L’investissement locatif, déjà perçu comme un peu plus risqué que par le passé, du fait de la tendance baissière des prix, souffrirait sérieusement. Les loyers pourraient reculer. « En période de déflation, mieux vaut être prêteur en investissant par exemple dans des obligations d’entreprises exportatrices, qu’emprunteur. Même si les taux des crédits immobiliers sont bas sur le papier, le taux réel d’un emprunt (obtenu en enlevant l’inflation, ndlr) est bien plus élevé qu’on ne le pense et il augmente constamment», explique Benoît Momméja, directeur des investissements chez Oddo Banque privée. Les actions sont aussi malmenées en temps de déflation. Au Japon, la Bourse de Tokyo a perdu près des trois quarts de sa valeur en près de vingt ans de baisse des prix. Et malgré le rebond spectaculaire de 2013, elle n’a toujours pas retrouvé son niveau d’avant crise. Les cours de l’or et des matières premières, déjà pénalisés aujourd’hui par la hausse du dollar et la faible inflation, continueraient également à perdre du terrain. Toutefois, de nombreux experts espèrent que la déflation sera finalement évitée. «La BCE mettra tout en Suvre pour empêcher que ce risque se matérialise, avance Philippe Troesch, président du directoire de Meeschaert Asset Management. Si la baisse de l’euro se prolonge, l’inflation reviendra mécaniquement en Europe dans les six à neuf prochains mois», espère-t-il. Pour autant, les scénarios restent prudents. «La croissance devrait rester durablement faible en Europe et l’inflation basse, estime Jean-Philippe Taslé d’Héliand chez Oddo Banque privée. Cela ne devrait pas être défavorable aux actions européennes, notamment celles qui exportent hors de la zone euro qui pourraient progresser de 5 % environ par an au cours des prochaines années.» Dans les mois qui viennent, les taux des obligations d’Etat du Vieux Continent pourraient augmenter un peu dans le sillage de l’emprunt d’Etat américain, mais ils resteront bas. La période actuelle de faibles rendements semble amenée à se prolonger. «La prise de risque pour son épargne est aujourd’hui peu rémunérée, mais sans prise de risque, l’épargne n’est quasiment plus du tout rémunérée, hormis les fonds en euros d’assurance-vie», résume Vincent Meilhac. Pour les Français dont le taux d’épargne est à nouveau très élevé (15,9 %), signe visible de leur peur de l’avenir, le défi est de taille. L’une des principales erreurs serait de faire le dos rond et de laisser dormir ses liquidités sur son compte courant, au risque d’hypothéquer sa retraite future ou le financement des études de ses enfants, par exemple. Dans ce numéro, nos conseils pour vous aider à trouver les placements qui rapportent encore.
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