Pionnière de l’ISR, avec la création d’un fonds dès 1983 prenant en compte les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance au sein de son processus de gestion, Meeschaert Asset Management a développé une politique d’engagement actionnarial active en France.
Cette année a notamment été marquée par le dépôt d’une résolution climatique lors de l’assemblée générale de Total, en collaboration avec 10 autres sociétés de gestion.
Le contexte
L’obligation de limiter le réchauffement climatique à + 1.5°C d’ici la fin du siècle induit la réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre, et donc de cesser l’exploration et l’exploitation de toute nouvelle réserve d’hydrocarbure. Le groupement d’investisseurs s’est ainsi montré soucieux du risque de dépréciation des actifs (« stranded assets ») de Total, dont la valorisation et le modèle économique dépendent fortement des réserves d’énergie fossile dont elle gère l’exploitation.
Positionnement de Total avant le dépôt de résolution
Total manque d’objectifs clairs sur un plan de réduction en absolu des gaz à effet de serre et de transparence sur l’impact de ces ambitions sur le modèle économique de la société. Ses dépenses d’investissement sont encore majoritairement orientées vers les énergies fossiles. Étant donné la durée de vie d’un gisement ainsi que celle nécessaire à la phase d’exploration et de développement en amont de la production, Total est responsable d’un ajout de production d’énergie fossile au système énergétique mondial sur une période de 30 à 50 ans. Le groupement a donc estimé que l’insuffisance des engagements du groupe pétrolier constitue un risque à la fois pour l’entreprise et pour ses actionnaires.
L’objectif de la résolution
L’objectif de la résolution était de modifier les statuts du groupe pétrolier en intégrant dans le rapport de gestion ses objectifs à moyen et long termes ainsi que son plan d’actions, afin de renforcer la contribution de son modèle économique à l’atteinte de l’Accord de Paris sur le climat.
Si le groupement d’investisseurs a salué la publication d’un Rapport Climat depuis plusieurs années, il a exprimé le souhait de voir certains éléments approfondis :
• Les engagements de l’entreprise ne permettent pas d’évaluer dans quelle mesure les activités de l’entreprise contribuent à l’atteinte de l’objectif de l’Accord de Paris. En particulier, l’ambition du groupe de réduire l’intensité carbone de ses produits énergétiques de 15 % entre 2015 et 2030 ne garantit en rien la diminution en valeur absolue des émissions de gaz à effet de serre de Total, Scope 3 inclus1.
• La communication sur les dépenses d’investissement de capital, présentée sous l’appellation générique « électricité bas carbone », ne permet pas de comprendre précisément les moyens consacrés à l’atteinte de l’objectif de 25 GW de capacités renouvelables fixé par l’entreprise pour 2025.
Le groupement a donc demandé à Total de préciser un plan d’actions à moyen et long termes assorti d’étapes intermédiaires, ainsi que les moyens déployés pour réduire en valeur absolue ses émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. Ce plan doit également intégrer les émissions indirectes associées à l’utilisation de ses produits, dans la mesure où ces derniers représentent 85 % des émissions de gaz à effet de serre de Total.