Paru sur Boursorama.com
Six des meilleurs gérants de fonds de la place ont accepté notre défi : battre sur un an et avec une seule valeur l’indice de la Bourse de Paris. Voici leur sélection.
Le parcours du CAC 40 n’a pas été un long fleuve tranquille depuis un an, entre le trou d’air de la fin 2014 et, plus récemment, la résurgence des inquiétudes sur la situation économique de la Grèce. Le vert continue pourtant de prédominer sur les marchés et l’indice de référence de la Bourse de Paris totalise un gain d’un peu plus de 8 % sur un an (au 10 juin 2015). Plus rentables que les autres placements, les actions profitent de l’appétit des investisseurs pour le risque. Nombre de records de cours sont tombés, permettant aux boursicoteurs d’enregistrer de belles plus-values. Et, pour l’heure, l’optimisme reste de mise quant à la bonne tenue des marchés.
C’est dans ce contexte que, de nouveau cette année, nous avons mis au défi six gérants de la place de Paris de faire mieux que le CAC 40. Découvrez ci-dessous leur choix pour l’année. L’an passé, seuls trois des professionnels sollicités ont réussi à battre l’indice avec une seule valeur.
Comme à l’accoutumée, les cours seront arrêtés dans un an, c’est-à-dire en juin 2016. C’est seulement à cette date que les performances seront retenues et ce, quel que soit le parcours de la valeur durant cette période. Un exemple pour comprendre : Alcatel-Lucent a été sélectionné en 2014 par Sébastien Korchia, directeur de la gestion actions de Meeschaert AM. Alors que le titre perdait plus de 15 % à la fin septembre dans un marché en léger repli, il bat en définitive largement l’indice parisien avec un gain de près de 19,8 % au 10 juin 2015.
• Veolia Environnement
Confronté à des problèmes financiers et industriels, Veolia Environnement, le leader mondial des services à l’environnement, a dû totalement se recentrer en 2012, avec une importante réorganisation du périmètre d’activités. Une restructuration qui, selon Catherine Garrigues, la responsable de la gestion actions d’Allianz Global Investors, n’a pas encore délivré tout son potentiel, d’autant que la dynamique commerciale est de retour. Cette tendance devrait être soutenue par la reprise économique en zone euro où la société réalise près de 60 % de son chiffre d’affaires.
Au-delà des cessions d’actifs, Veolia Environnement a habilement fait évoluer son business model sur ses deux branches d’activités, l’eau et l’environnement, en se réorientant vers une clientèle industrielle plus pointue, notamment dans les métiers de l’énergie, et en endossant un rôle de prestataire de services. L’effet négatif de contrats moins longs est plus que compensé par la charge d’investissements qui est transférée au client. Le bilan de la société s’améliore. Alors que le plan de restructuration arrive à échéance cette année, un deuxième plan, certainement dédié au redéploiement industriel, est attendu pour la fin 2015, de même que l’épilogue du désengagement dans SNCM. Veolia Environnement a donc aujourd’hui les atouts pour faire mieux que le CAC 40.
Mnémo : VIE / Cours au 10 juin : 18,46 € / PER 2015 : 24,0
• Chargeurs
Holding présent dans des secteurs relativement cycliques, les films de protection autoadhésifs, l’entoilage pour l’habillement et la vente de laine peignée, Chargeurs a mené une profonde restructuration industrielle et financière depuis 2010 qui lui a permis de renouer avec les bénéfices en 2014. Il a aussi totalement restauré sa situation financière avec un ratio d’endettement de 24 % à la fin 2014 et une trésorerie nette positive.
Selon Regis Lefort, directeur général de Talence Gestion, Chargeurs dispose aujourd’hui d’atouts solides pour poursuivre son développement tout en améliorant sa rentabilité en 2015 et à moyen terme. En plus d’une excellente maîtrise technologique sur les films de protection et d’une position haut de gamme dans la laine, il mise sur l’innovation et dispose de relais de croissance dans les textiles techniques (sécurité, décoration, publicité). Le groupe, qui a repris le versement d’un dividende en 2015 (0,20 euro), reste sous-évalué en Bourse malgré un beau parcours depuis deux ans. L’objectif de Régis Lefort sur ce titre : 10 euros.
Mnémo : CRI / Cours au 10 juin : 6,96 € / PER 2015 : 10,5
• Gemalto
Pour Igor de Maack, gérant de DNCA Finance, Gemalto est positionné sur la tendance du besoin de sécurité d’un monde mobile et numérisé. Tandis que son activité dans les télécoms reste sur une orientation baissière, le groupe offre par ailleurs un positionnement sur des technologies à fort potentiel. Leader de la carte à puce avec 40 % de parts de marché, Gemalto entend profiter du développement de la technologie Europay Mastercard Visa pour les cartes bancaires sur deux pays clés, les Etats-Unis et la Chine.
L’acquisition de SafeNet, spécialiste de la protection des données et des logiciels, lui permet d’être présent sur toute la chaîne de valeur de la sécurité informatique, segment en pleine effervescence avec la croissance de la cybercriminalité. Si ces activités ne représentent que 20 % du chiffre d’affaires de Gemalto, les prévisions de résultats laissent entrevoir, selon Igor de Maack, de belles perspectives. La société dispose d’un solide bilan et le titre reste raisonnablement valorisé.
Mnémo : GTO / Cours au 10 juin : 79,29 € / PER 2015 : 18,7
• Elior
Le choix de Pierre Duval, directeur général de Palatine Asset Management, s’est porté cette année sur Elior, le spécialiste de la restauration collective. Une activité dont la visibilité et la récurrence des revenus assure un bon niveau de croissance organique et la trésorerie nécessaire aux acquisitions qui ont déjà nourri le développement du groupe ces dernières années.
Pierre Duval met aussi l’accent sur le potentiel de la branche restauration de concessions (30 % des revenus). Sous la houlette de son nouveau président, Philippe Salle, Elior va poursuivre son développement avec un second plan de croissance attendu pour la rentrée. Il devrait continuer de faire la part belle aux acquisitions. Plusieurs cibles sont déjà à l’étude et devraient alimenter une progression de l’activité visée entre 4 et 5 %. Avec un groupe essentiellement européen, Pierre Duval joue aussi la reprise économique de la zone euro et en particulier des pays du Sud où Elior est très présent. Le titre demeure en outre peu cher.
Mnémo : ELIOR / Cours au 10 juin : 17,95 € / PER 2015 : 20,7
• Sixt
Pour Eric Tibi, gérant du fonds Sextant Europe, Sixt, le loueur de véhicules, coté à Francfort, gagne à être connu. Sixt apparaît nettement sous-valorisé par rapport à ses concurrents américains. D’autant que la mise en Bourse en mai de son activité leasing a permis de mettre en lumière la qualité de sa situation financière avec 900 millions d’euros de liquidités, soit la moitié de sa capitalisation boursière. Historiquement performant, Sixt multiplie les atouts : prix compétitifs, services et véhicules de qualité. L’essentiel de sa flotte est en effet alimenté par Audi, BMW et Mercedes. Ce groupe qui n’a jamais fait d’acquisitions est numéro un en Allemagne et poursuit un développement prometteur en France, au Royaume-Uni et en Espagne où il délivre 15 à 20 % de croissance par an depuis 2010, mais aussi aux Etats-Unis. Eric Tibi privilégie sur ce dossier l’action préférentielle, plus rémunératrice que l’action ordinaire avec un rendement de 3,7 %.
Mnémo : SIX3 / Cours au 10 juin : 33,14 € / PER 2015 : 13,5
• Gaz Transport et Technigaz (GTT)
En choisissant GTT, le spécialiste des systèmes de confinement à membrane pour le transport maritime et le stockage du gaz naturel liquéfié (GNL), Sébastien Korchia, directeur de la gestion actions de Meeschaert Asset Management, joue l’émergence des énergies alternatives au pétrole et au charbon. Plus propre, le GNL affiche une demande en forte progression. Mais étant difficile à transporter, il requiert une technologie spécifique que GTT est aujourd’hui l’un des seuls à maîtriser. Un marché de niche qui permet au leader mondial du secteur d’offrir un profil alliant solidité et croissance. Le carnet de commandes est à des niveaux records et les contrats continuent d’affluer. A tel point que le groupe dispose d’une visibilité sur son chiffre d’affaires jusqu’en 2020. Cela rend le dossier quasiment insensible aux évolutions des prix du gaz et du pétrole. Côté résultats, GTT affiche une forte rentabilité opérationnelle, de près de 63 % en 2014, et un flux de trésorerie de près de 65 millions d’euros assurant un bilan solide. Malgré cela, le titre introduit à la Bourse de Paris en février 2014 apparaît encore sous-valorisé pour Sébastien Korchia. Cerise sur le gâteau, il offre un rendement de 5 %. Avec de tels atouts, GTT a tout pour se distinguer.
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